Carnet 3 : de Jupiter au delta du Danube


V. 9 juin : Il a plu quasiment toute la nuit. Ce matin, le ciel est encore bien gris et la t° est fraîche.

Après avoir payé le camping, nous partons vers le Nord, en direction de Constanta, grande ville et grand port  de la Mer Noire. Il nous faut lutter contre un vent de face assez puissant, et subir quelques averses. Certains villages traversés ont été inondés hier, Fleurette doit rouler dans la boue ou les flaques d'eau et revêt ainsi une "belle" robe ocre !!! A quelques km de Murighiol, nous traversons Babadag, ville qui conserve une mosquée turque datant de l'occupation ottomane de près de 3 siècles à partir de 1500.

Après avoir traversé des grandes plaines céréalières qui commencent à blondir, nous arrivons dans une région de collines où l'on pratique le pâturage des vaches, des chèvres et des moutons. On y cultive aussi la vigne sur de grandes surfaces. Nous longeons parfois des "forêts" d'éoliennes et des champs de panneaux photovoltaïques. On recommence également à voir des nids de cigognes dans les villages.

A Murighiol, nous nous installons au "Camping Lac", après avoir parcouru 190 km sur des routes souvent en excellent état.

 

S. 10 juinCe matin, le temps gris s'éclaircit assez vite pour laisser place au soleil, à un ciel bleu parsemé de beaux nuages décoratifs. Nous faisons une balade à vélo dans le village et au bord du lac, ce qui me permet de faire quelques photos. Colette profite de la machine à laver pour faire une lessive qui va bien vite sécher. Quant à moi, je reprends la rédaction du site.

D. 11 juin :  Beau temps toute la journée.

Ce matin, balade à vélo à Mahmudia, 10 km au Nord de Murighiol, pour tenter de rencontrer la personne qui accepte de garder le c-car sur son terrain, pendant que nous passerons 3 nuits à l'hôtel, au bout du bras du Danube le plus au Sud du delta, à St Georges (Sfântu Gheorghe).  En effet,  il n'y a pas de camping dans Mahmudia, et je ne veux pas laisser le c-car seul pendant 3 jours sans présence dans une rue !

Après-midi, détente, repos et mise à jour du carnet, au cas où nous n'aurions pas de connexion les jours prochains ...

L. 12 juin : Départ 10 h sous le soleil pour Mahmudia. Nous parquons le c-car comme prévu depuis la France. En fait, il s'agit d'un terrain clos qui sert de garage à bateaux ! Pas très "class", mais cela nous convient.

Nous rencontrons notre guide pour nous mettre d'accord sur la balade en barque dans le delta. Rendez-vous fixé demain à 7 h pour une durée de 4 h.

Après midi, découverte à pied du village et de la rive droite du bras de St Georges, le plus petit et le plus au Sud des 3 bras du delta. Les maisons traditionnelles, couvertes de roseaux font place progressivement à des maisons modernes couvertes de la même façon et accueillent les touristes. Il y a  des pensions partout dans le village, comme à Murighiol. Il fait très chaud, et vers 18 h, nous apprécions un léger vent rafraîchissant. Nous avons hâte de découvrir la faune et la flore du delta, et surtout les pélicans. Les lacs du delta constituent la plus grande réserve au monde de cette variété.

Ma. 13 juin : Lever tôt pour être à l'heure à notre rendez-vous de 7 h. Nous n'oublions pas couvre-chefs, lunettes et crème solaires, anti-moustiques, jumelles, appareil photo, 2 litres d'eau et un en-cas.

La balade fort agréable se fait dans une barque à moteur. Notre pilote, Paul Vassiliev, connaît bien les endroits où voir les oiseaux, et il ralentit pour ne pas les effrayer et nous permettre de les photographier. Mais que c'est difficile de photographier au zoom des oiseaux qui s'envolent !

Nous avons vu pas mal de pélicans mais nous aurions aimé voir des colonies très importantes, ce qui ne fut pas le cas. La nature ne se commande pas ! Nous avons observé aussi : hérons cendrés, aigrettes, coucous, poules d'eau, cygnes, canards tadornes, balbuzards pêcheurs, cormorans, grenouilles et libellules, et bien d'autres encore dont nous n'avons pas retenu les noms.

Je n'oublie pas la flore du delta : saules, peupliers, joncs, nénuphars blancs et jaunes, roseaux. Ces derniers sont exploités ici pour en faire des haies, pour couvrir les toitures bien sûr, et industriellement pour en extraire la cellulose.

Nous avons rencontré aussi de nombreuses barques de pêcheurs, des petits bateaux transportant des touristes, des bacs reliant des berges, des bateaux-hôtels, des bateaux-restaurants amarrés définitivement, des dragues, un bateau militaire et un ancien bateau à aube (poussé).

Après-midi, nous écrivons quelques cartes aux voisins et amis sans internet. Je demande à l'hôtel voisin le code Wifi et je réponds à mes courriels et envoyer des SMS, sur un banc à l'extérieur. Mais le débit est faible et je passe un temps fou. Bref, l'essentiel est fait !

Maintenant, nous allons rester jusqu'à samedi dans notre "gourbi" car j'avais réservé depuis la France un hôtel au bout du bras St Georges du 17 au 20 juin. Nous allons pouvoir nous reposer encore et faire des balades à vélo !

Me. 14 juin : Petit orage cette nuit, mais pas de pluie. Ce matin, balade à pied vers la colline dominant la ville, sur laquelle est érigée une antenne-relais TV, radio et téléphone. Nous empruntons la Rue Eterniti (rue de l'égalité chez nous) jusqu'au cimetière, que nous visitons. Toutes les tombes sont entourées de grilles et sont bien fleuries. On se croirait dans un jardin . C'est peut-être celui de l'Eden... Une tombe fraîchement creusée dans la terre est prête à accueillir un défunt. Puis nous escaladons la colline d'où l'on a une vaste vue sur le bras St Georges et les lacs qui le bordent. Au retour, près de l'église chrétienne orthodoxe russe, nous croisons un dame qui parle bien le français. Nous discutons un peu avec elle et photographions les fresques extérieures. Nous entendons une cloche qui sonne le glas dans une autre église. Elle nous confirme qu'il y a un enterrement. Nous nous dirigeons vers cette église, orthodoxe roumaine, elle. La célébration est en cours, nous nous approchons, une dame nous donne un cierge et nous dit que c'est sa maman qui est décédée. Nous nous approchons un peu pour regarder la cérémonie et prendre une photo. Le cercueil est au milieu de l'église, entouré de bougies. Comme il y a peu de sièges dans ces églises orthodoxes, les femmes sont debout à gauche et les hommes à droite, le pope officie face à l'assemblée. Nous prenons congé et rentrons au c-car : nous n'avons pas eu le courage d'attendre la fin de l'office pour remonter au cimetière et photographier la mise en terre.

A 14 h 30, nous allons à l'embarcadère nous renseigner sur les horaires et les tarifs du bateau pour rejoindre notre hôtel à St Georges samedi. Il semblerait que ce jour-là nous aurions un catamaran plus rapide que le "vapor" normal. Puis réparation d' une crevaison sur mon vélo, jeux de société et lecture.

A 19 h, nous allons au restaurant voisin manger une soupe de poissons du Danube. Elle n'est pas préparée ni servie comme chez nous, mais elle est excellente, copieuse et pas chère (50 lei pour nous deux = 11 € !). En sortant vers 20 h 30, nous profitons d'un beau coucher de soleil sur le fleuve, qui coule ici d'Ouest en Est. Au c-car, rédaction du carnet et dodo!

J. 15 juin : Nous avons ce matin une pensée particulière pour notre petite Romane qui fête ses 9 ans aujourd'hui. Nous l'embrassons très fort en attendant de la revoir début août. Nous embrassons aussi sa grande soeur Laura et ses parents. Autre bonne nouvelle : notre grande Alice a obtenu son permis, nous la félicitons par téléphone.

Après-midi, nous partons pour une balade à vélo. Mais en ville, nous voyons un salon de coiffure. Comme Colette a ses produits de coloration, elle demande à la coiffeuse si elle veut bien lui faire, et elle  accepte. Deux heures plus tard, c'était fini, et la balade à vélo est remise à demain, d'autant que le temps a l'air de se couvrir.

V. 16 juin : Nuit calme. Le ciel couvert se dégage rapidement et nous permet de réaliser notre balade d'hier : 20 km A & R jusqu'au village voisin. Rien de bien spécial, si ce n'est que la route est une succession de creux et de bosses ! Nous avons donc bien fait travailler nos jambes ! Sur le chemin du retour, nous rencontrons Vassile, que nous connaissions depuis notre arrivée, et qui ramenait à la maison un gros sac de poissons. Il nous dit que c'est pour faire une soupe et nous invite à venir la manger à 15 h, ce que nous acceptons. Quand nous revenons l'après-midi, la table est bien dressée, et 2 autres personnes sont présentes. Nous discutons sur la terrasse pendant près d'une heure (en franco-anglo-roumain !) en dégustant un GRAND verre de vin rouge assez agréable... Puis la maîtresse de maison nous invite à passer à table. Elle apporte d'abord, en entrée, des acras de poissons du Danube que l'on doit déguster avec une crème d'oeufs de carpe (délicieuse). Puis vient le tour de la soupe : 2 grands plats de morceaux de poissons différents (silure, carpe, brochet et autres qu'on ne connaît pas) et une grande soupière du bouillon de poisson.  Ici, on mange selon la mode locale,  d'abord le poisson, puis le bouillon ! C'est vraiment fameux et on en reprend... Mais ce n'est pas tout : elle nous sert maintenant sur assiette un autre morceau de poisson poêlé accompagné de purée, de beignets de lamelles de courgette et de salade de chou blanc. Et elle rajoute encore sur la table divers poissons grillés, que personne ne mangera, c'était vraiment trop !

Repus, nous discutons sur la terrasse en buvant un bon café. Puis elle revient à la charge en demandant ce qu'on veut comme dessert !! RIEN, répond-on en choeur. Alors elle insiste pour qu'on avale une glace, et on se laisse tenter. Elle apporte alors à chacun dans une grande coupe, 2 grosses boules de glace chocolat-noisette, couvertes de confiture de cerises et de crème Chantilly !!! C'en est vraiment, vraiment trop... mais ça passe quand même. Nous discutons encore un peu, le temps de digérer, puis nous rentrons au c-car, le ventre encore rond, vers 18 h 30. Inutile de vous dire que nous n'avons pas su dîner le soir, même d'un yaourt !

Quand on est invité dans une famille, il est de bon ton d'apporter quelque chose  à la maîtresse de maison. Nous lui offrons de petits bijoux qui ont été bien appréciés. Bien entendu, nous avons réglé notre note avant de  les quitter.

S. 17 juin : Depuis 7 h ce matin, il pleut. C'est bien notre veine, nous qui avions prévu 3 jours de balades et de bronzette sur les plages de St Georges en bord de Mer Noire ! Tant pis ! Nous préparons nos sacs, et, pour tuer le temps, nous jouons aux jeux de société. A 14 h 15, la pluie se calme, nous partons à l'embarcadère pour le bateau de 14 h 30. Tiens, ce n'est pas le "vapor", mais un catamaran, qui nous fera "gagner" une bonne 1/2 h de trajet. Notre hôtesse est à bord (elle nous l'avait dit par SMS). Nous discutons un peu avec elle, puis nous regardons le paysage mouillé pendant 1 h 30. A notre arrivée à St Georges, la pluie se calme un peu, mais nous n'avons pas chaud. En attendant notre repas du soir (soupe de poisson), nous mettons en charge divers appareils (nous n'avons pas de courant dans notre "gourbi") et lisons nos courriels ou messages. A 19 h 15, la soupe de poisson est servie. Ici, les poissons ont été remplacés par des boulettes de poisson au riz. C'est aussi très bon, et particulier à cette ville nous dit-on. Le potage est assez semblable aux précédents. A la fin du repas, la tuica (alcool de fruits) nous est offerte. Dans la chambre, nous regardons ce qu'offre la TV roumaine : des infos, reportages, documentaires, folklore, dessins animés et films américains sous-titrés en roumain. Nous ne tardons pas à nous endormir, mais nous sommes réveillés par un feu d'artifice de 5 mn tiré du côté de la plage.

D. 18 juin : Aujourd'hui, c'est la fête des pères, nous souhaitons donc aux heureux papas une très bonne fête en famille.

La nuit a été calme et fraîche. Nous prenons une douche puis le petit déjeuner (européen: café, lait, pain-beurre, confitures maison), puis la pluie se remet à tomber de plus belle. Les rues (pourtant en sable) sont noyées  !

Bien à l'abri, je continue à combler mon retard sur le site jusqu'à midi. Vers 13 h, nous allons au "resto" voisin déguster une excellente PIZZA et une bonne BIERE, car c'est ma fête, bien sûr ! Le ciel semblant se dégager, nous nous risquons à aller voir la mer, noire évidemment, mais bien agitée, avec de beaux rouleaux ! Trois jeunes partagent l'immense plage avec nous, sans compter une "famille" de vaches; Le soleil est revenu au-dessus de nos têtes,  mais pas à l'horizon, qui reste très chargé ! Nous retournons à la pension, juste avant que la pluie refasse son apparition et des bulles dans les flaques d'eau... Je reprends alors mon carnet pour le terminer.

Au menu ce soir : carpe cuite au four avec rondelles de pommes de terre et carottes, oignons, tranches de poivrons et de citron. La pluie tombe encore à gros bouillons, il n'a pas fait plus de 19° toute la journée. Nous espérons qu'après ce w-e pourri nous aurons du soleil et enfin de la chaleur !

L. 19 juinOuf ! Au réveil ce matin, nous voyons du ciel bleu, et la t° dépasse les 19° d'hier, quel changement !  C"est notre dernier jour à St Georges et nous allons tâcher d'en profiter.

Le matin, promenade en ville pour admirer les maisons typiques du delta. Certaines sont à vendre, d'autres sont en ruine, d'autres sont bien rénovées, voire toutes neuves,  pour accueillir les touristes en pension. En juillet et août, il ne faut pas compter trouver une chambre si on n'a pas réservé ! De plus, ici à St Georges, loin de tout, est organisé un grand festival de cinéma qui attire beaucoup de monde. Les plus jeunes vont camper sur la plage immense.

Après-midi, retour sur la plage, à 45 mn du village, pour voir l'endroit où le bras St Georges du Danube finit son voyage pour se jeter dans la Mer Noire. Balade agréable de 3 heures en bord de mer et sur la rive du Danube. Etant donné le beau temps de ce jour, nous rencontrons quelques personnes sur la plage, ainsi qu'un troupeau de vaches. Mais nous n'avons pas vu de chevaux sauvages. La mer est encore agitée, et nous ne mettrons même pas les pieds dans l'eau, de peur de perdre quelques orteils !

De retour à la pension, la propriétaire nous sert une carafe d'eau citronnée avec des glaçons et des fleurs de lavande. Délicieux !  Ce soir soupe traditionnelle des pêcheurs : bouillon clair de légumes variés, bien aromatisé, avec des tranches de pain. Nous nous couchons tôt : lever à 6h avec le café au lit, et bateau à 7 h pour reprendre notre c-car à Mahmudia.

  

F I N     D U   C A R N E T   n°   3